Autres sites

Dans sa recherche André Berthier examina d’autres sites qui auraient pu être l’Alésia de César et il leur appliqua son portrait robot.

« Nous avons examiné systématiquement tous les lieux qui avaient la moindre apparence de rapprochement avec le portrait-robot en recourant aux photographies aériennes quand cela était nécessaire. Nous avons ainsi étudié plus d’une centaine de sites et ceux-ci étaient principalement nombreux dans la Côte d’Or qui offrait un véritable damier de magnifiques oppidums. Dans ce relief, Vercingétorix n’aurait eu que l’embarras du choix, s’il avait voulu arrêter la marche romaine se dirigeant vers la Saône en venant du Nord-Ouest. »

Il pénètre ensuite en Franche-Comte

« Lorsque nous avons abordé le Jura, nous avons rencontré les Alésia comtoises qui s’établissent sur un arc de cercle orienté du Nord-Est au Sud-Ouest et qui sont autant de portes d’entrée de la région monta­gneuse. Ce sont Ully, Alaise, Salins, Château-Chalon, Conliège, Izer­nore.

Ully a été proposé par A. et G. Gauthier (14). Entre Ornans et Cléron, la vallée de la Loue s’élargit à deux kilomètres sur une longueur d’environ dix kilomètres. La Loue reçoit sur sa rive gauche des ruisseaux qui ont découpé un plateau pour en isoler trois collines. La colline orien­tale est celle qui porte le Bois d’Ully, mais la colline centrale de Chaus­sagne est la plus importante et la plus « militaire », car on y voit les ruines du château fort de St. Denis. Ces positions ne verrouillent pas la route qui va de Besançon à Pontarlier.

Alaise, la vieille rivale d’Alise, comprend trois collines, Mouniot, Chateleys, Chataillon, séparées par des combes à pentes très accentuées elles sont dominées d’une centaine de mètres par le plateau de Fertans. La Conche est un mince rivelet qui coule dans la petite plaine de Myon sans jamais baigner le pied de Mouniot. Le secteur n’est desservi que par des routes secondaires. Quand nous avions étudié le site d’Alaise, nous avions envisagé la possibilité de placer l’oppidum sur le plateau qui domine Sarraz. Nous avons vite renoncé à y reconnaître l’assietted’Alésia; il manquait en particulier la protection des deux rivières bai­gnant le pied de l’oppidum sur deux côtés et seul le Lison pouvait être un flumen.

Salins possède une plaine en trop et un flumen en moins, car la Vache n’est qu’un ruisselet et la Furieuse ne lèche pas le pied de l’oppidum sur l’un de ses flancs.

Les partisans de Salins-Alésia veulent placer l’urbs en bas de la colline, à l’emplacement de la ville actuelle, ce qui est en contradiction absolue avec le texte de César. Salins se trouve dans un passage étroit entre deux hauteurs à l’Ouest, la mont~igne de St. André (604 m); à l’Est, la montagne de Belin (584 m). Pour garder ce défilé, l’exigence militaire réclame une installation sur ces deux som­mets. Si Vercingétorix avait choisi ce site pour barrer la route aux légions, il ne se serait pas contenté d’occuper la seule montagne de St. André, mais il aurait réparti son armée sur les deux bords où l’on voit le fort Belin faire face au fort St. Aùdré.

Château-Chalon est une haute butte admirablement fortifiée par la nature en avant du plateau de l’Heute, mais sa superficie est singulière­ment faible, une quarantaine d’hectares seulement.Face à Conliège, le plateau qui s’étend entre Montaigu et Revigny présente un front naturellement fortifié dont la vue est spectaculaire. Mais cette belle défense est illusoire, car elle ne se répète pas sur l’autre versant.

A Izernore les tenants du site se sont laissé abuser par l’existence de vestiges gallo-romains. Placer là Alésia, c’est la mettre dans une cuvette comme le malheureux Diên Biên Phu. Pour barrer le seuil de Nantua, il y avait mieux à faire. »

André Berthier