Oppidum

dictionnaire de la Gaule« Oppidum » est une appellation générale qui s’applique à toutes les places fortes de tous les pays, et c’est par une restriction de sens moderne que les archéologues ont réservé ce mot pour désigner les forteresses de la Gaule.

« César désigne sous ce nom des villes fortifiées dans lesquelles les habitants des campagnes viennent en temps de guerre chercher un refuge. Il les nomme aussi urbs, quand il les considère moins au point de vue militaire qu’au point de vue civil ; c’est ainsi qu’il appelle tour à tour oppidum et urbs, Avaricum, Alésia, Gergovie. Ces oppida étaient placés le plus souvent dans des lieux d’un accès difficile et défendus par leur position même ; sur des montagnes escarpées (Bibracte, Gergovie, Alésia, Uxellodunum), dans des terrains environnés de marais (Avaricum) ou protégés par des fleuves (Genova, Vesontio, Noviodunum) ; dans des îles (Lutecia, Metiosedum).

« Ils étaient entourés de fossés, de murs, percés de portes et parfois défendus par des tours. À ces défenses s’ajoutait accidentellement, pour satisfaire à des besoins du moment, comme à Gergovie, un deuxième mur en pierres sèches.
Ces oppida avaient des rues et des places, et ce qui prouve bien qu’ils étaient habités d’une manière permanente, c’est qu’il y avait des maisons dans lesquelles César fait camper ses soldats et qu’il est plusieurs fois question et de l’incendie des oppida et des marchands romains qui s’y sont établis. « Ces oppida ne sont pas isolés, un dans chaque cité ; il y en a plusieurs ; chez les Helvètes on en comptait douze, autant chez les Suessions et plus de vingt chez les Bituriges. Chez les Bretons, l’oppidum est un simple lieu de refuge momentané, consistant en une portion de forêt dont une levée de terre garnie de palissades et précédée d’un fossé interdit l’accès »
(E. Benoist et S. Dosson, Commentaire sur la guerre des Gaules).

« Les oppida se caractérisaient également par la possession d’un rempart. Dans le cas d’un site d’éperon, de confluent ou de méandre, il pouvait se limiter à barrer l’isthme ou le pédoncule par où se faisait l’accès. Tel était le cas à Villeneuve-Saint-Germain, chez les Suessions, à l’Ermitage, près d’Agen, chez les Nitiobriges ou encore à Amboise, chez les Turons. À Chartres, oppidum des Carnutes installé au bord l’Eure, il suivait un tracé en arc de cercle dont la rivière faisait office de corde. Pour les établissements de hauteur, l’enceinte suivait fréquemment la totalité du pourtour, englobant à l’occasion plusieurs éminences voisines et traversant pour ce faire des thalwegs, ainsi qu’on l’observe par exemple à Bibracte.

« Ces remparts étaient réalisés soit en terre, comme celui qu’on a pu étudier sur le site de l’oppidum de Toussaint, près de Fécamp, ou encore à l’Ermitage, soit selon le modèle du murus gallicus, avec armature de bois assemblée à l’aide de fiches de fer et parement de pierre : parmi les nombreux exemples connus, figurent celui de la colline des Tours à Levroux, ceux de Bibracte, de Villejoubert, chez les Lémovices et d’Avaricum, Bourges, lesquels ont inspiré à César une description de cette structure. Un très grand fossé précédait habituellement ces remparts : 5 à 13 m de largeur pour une profondeur de 2 ou 3 m au mont Vully, chez les Helvètes, 10 m de large et 4 de profondeur à Autricum […] Il est également à remarquer que pour le cadre géographique de la Comata, César utilise le mot sans le redéfinir, alors que, dans un passage descriptif sur la Britannia, il en insère une définition valable uniquement pour ce territoire, et qui traduit de sa part un besoin qu’il n’avait éprouvé ni pour le territoire celtique, ni pour le domaine aquitain, ni pour les régions occupées par les Belges. C’est donc apparemment que l’apparence générale offerte par les agglomérations de ces contrées, et les fonctions politiques que remplissaient certaines d’entre elles, lui paraissaient pouvoir être évoquées par ce mot, lequel n’avait nullement été créé pour elles. En revanche, lorsqu’il lui faut, dans un récit concernant la Comata, évoquer un simple refuge fortifié, à usage seulement temporaire, ce que les modernes désignent souvent du même mot d’oppidum, il a le plus souvent recours quant à lui à deux autres termes, castellum et praesidium »
(Robert Bedon, Les Villes des trois Gaules).