Druides

dictionnaire de la GaulePrêtres chez les anciens Celtes. Leur nom signifiait : « les très savants (ceux qui savent) ».

« Cependant l’étude des sciences dignes d’estime commencée chez les bardes, les vates et les druides, a été menée par des hommes cultivés. Les bardes ont chanté aux doux accents de la lyre, composant des vers héroïques sur les exploits des plus braves ; les vates se sont efforcés par leur recherche d’accéder aux événements et aux secrets les plus hauts de la nature ; parmi eux les druides l’emportent par leur génie, ainsi que l’autorité de Pythagore en a décidé »
(Ammien Marcellin, d’après un texte de Timagène).

« La discipline des druides a été trouvée en Bretagne et c’est de là, suppose-t-on, qu’elle est passée en Gaule. Actuellement encore, ceux qui veulent l’étudier à fond s’en vont, la plupart du temps, terminer leur formation dans l’île. « Ce sont les druides qui tranchent presque tous les conflits entre États ou entre particuliers et, si quelque crime a été commis, s’il y a eu meurtre, si un différend s’est élevé à propos d’héritage ou de délimitation, ce sont eux qui jugent, qui fixent les satisfactions à donner ou à recevoir. Un particulier ou un peuple ne s’est-il pas conformé à leur décision, ils lui interdisent les sacrifices. C’est chez les Gaulois la peine la plus grave. Ceux qui en sont frappés, on les met au nombre des impies et des criminels, on s’écarte d’eux, on fuit leur abord et leur entretien, craignant de leur contact impur quelque effet funeste, ils ne sont pas admis à demander justice ni à prendre part à aucun honneur […] À l’assemblée des druides, affluent de toute part ceux qui ont des différends et ils se soumettent à leurs décisions et à leurs arrêts. Tous ces druides obéissent à un chef unique qui jouit parmi eux d’une grande autorité. À sa mort, si l’un d’eux se distingue par un mérite hors ligne, il lui succède, si plusieurs ont des titres égaux, le suffrage des druides, quelquefois même les armes, en décident […] « Les druides ne sont point dans l’usage d’aller à la guerre ; ils ne payent point d’impôts comme les autres Gaulois ; ils sont exempts du service militaire et de toutes espèces de charges. Séduits par de si belles prérogatives, beaucoup viennent d’eux-mêmes se faire instruire par eux : d’autres y sont envoyés par leurs pères et par leurs parents. On y apprend, dit-on, un grand nombre de vers ; aussi quelquefois reste-t-on vingt ans à s’instruire. Ils ne se croient point permis de mettre leur science par écrit, quoiqu’ils se servent de caractères grecs dans presque tous les actes publics et pour les conventions particulières. Ils en agissent ainsi, ce me semble, pour deux raisons : ils ne veulent pas que leur doctrine se divulgue, et ils craignent que leurs disciples, comptant trouver tout écrit, ne cultivent avec moins de soin leur mémoire ; car il arrive presque toujours qu’on la néglige et qu’on s’applique moins à apprendre par coeur, lorsque l’on a le secours des caractères »
(César, La Guerre des Gaules, VI, 14).

« Hommes d’un génie plus élevé que les bardes, ils forment une congrégation aux règles bien définies et s’élèvent à l’étude des estions les plus difficiles et les plus hautes »
(Diodore de Sicile, Bibliothèque historique).

« Les druides, également versés dans les sciences de la nature, se consacrent à la partie morale de la philosophie. Ces derniers sont considérés comme les plus justes des hommes et on leur confie à ce titre le soin de juger les différends privés et publics. Ils avaient même autrefois à arbitrer des guerres et pouvaient arrêter les combattants au moment où ceux-ci se préparaient à former la ligne de bataille, mais on leur confiait surtout le jugement des affaires de meurtre. Lorsqu’il y a abondance de ces dernières, c’est, estiment-ils, que l’abondance est promise à leur pays. Ils affirment, et d’autres avec eux, que les âmes et que l’univers sont indestructibles, mais qu’un jour le feu et l’eau prévaudront sur eux »
(Strabon, Géographie, IV, 4, 4).

« À l’époque de la guerre des Gaules, les druides étaient devenus une classe sacerdotale relativement nombreuse, s’occupant ou cherchant à s’occuper de toutes les affaires de la société celtique, et par conséquent très peu de philosophie. « En choisissant les voies du pouvoir temporel, les druides perdaient le pouvoir spirituel et vouaient tout leur enseignement à la corruption »
(Pierre Lance, La Défaite d’Alésia).

À l’époque gallo-romaine, ils disparurent pour devenir des prêtres romains de divinités locales, des devins de village clandestins, car ils ne pouvaient plus se réunir : certains devinrent d’illustres professeurs. « Les druides, à mon sens, allaient donc voir dans le christianisme, comme beaucoup de Gaulois, un moyen de se venger de Rome et une occasion de redonner vigueur à leur doctrine spiritualiste. Les derniers druides seront parmi les premiers prêtres chrétiens et les vaincus de Rome seront ses vainqueurs, quoique masqués.