Mandubii

dictionnaire de la GauleLors des derniers jours du siège, à cause de la famine. César, les ayant repoussés, ils moururent de faim entre les lignes. « On a pu lire que les Mandubii étaient les “hommes du Doubs” : Man- “homme” (c’est le mot germanique) + Dubii le Doubs. […] On ne sait comment un composé d’époque celtique, comprenant un élément celtique assuré – car le nom du Doubs ne fait mystère pour personne : depuis Dottin et même bien avant qu’il ne l’indique dans son précieux manuel La Langue gauloise, on sait que le gaulois dubi signifiait “noir” et que le mot a des correspondances dans les langues celtiques actuelles – comment ce composé d’époque celtique donc a pu comporter un autre élément germanique, lui ; ni pourquoi cet élément germanique, à supposer qu’on doive le considérer comme tel, arrive ici en première position, alors que, dans les composés indo-européens, le déterminé est, en règle générale, placé après le déterminant. « […] Tout bien considéré, n’est-il pas logique que le nom d’une peuplade gauloise s’explique par des éléments gaulois ?

Sur le nom des Mandubiens, les celtisants, eux, sont d’accord. Le nom se décompose en deux termes : mandu et bii. Le terme mandu existe dans la langue gauloise, avec deux acceptions : soit le sens de “esprit”, et c’est à cette acception que se ralliait jadis Henri d’Arbois de Jubainville, suivi par Holder dans l’Altceltischer Sprachschatz ; soit, et c’est actuellement le sens le plus souvent retenu à propos des Mandubii, le sens de : “petit cheval” […] L’élément bii, issu d’un plus ancien biui, est également bien connu des celtisants ; il exprime l’idée de vie, comme le grec bios. Il a survécu dans le vieux gallois byw et jusque dans des noms de personne bretons comme Hervé, aboutissement moderne d’un composé vieux-breton Hoiarn-Biu, en passant par l’étape Hourveo. « Ainsi, la celticité du mot Mandubii, quel que soit le sens précis qu’on assigne à l’élément mandu, ne peut être mise en doute. Quant à dire ce que ce composé signifie précisément : “Ceux qui vivent des chevaux ?” “Ceux qui vivent avec les chevaux ?” ou, si l’on en revient à l’acception d’“esprit” “ceux qui vivent par l’esprit ” ? Inutile de s’y risquer, toute interprétation demeurant, en somme, conjecturale »
(Marianne Mulon, Alésia).