César

dictionnaire de la Gaule(Caius Julius) (101-44 av. J.-C)

EXTRAITS DU PARAGRAPHE CONSACRE A CESAR

Caius Julius Caesar. Prénom : Caius, nom : Julius, cognomen : Caesar ; surnom qui lui fut donné, soit parce qu’il est né par césarienne, soit, plus vraisemblablement, parce que son ancêtre fut tué dans une bataille, par un éléphant appelé Caesar en langue carthaginoise. César fit frapper des monnaies, avec l’effigie d’un éléphant au-dessus de l’inscription CAESAR.
(Voir Eberhard Horst, César.)

buste cesarSon père, Caius Julius, fut nommé préteur (président du tribunal). Sa mère, Aurélie, appartenait à une famille connue dont le père avait été consul en 119 av. J.-C. et le grand-père en 144. Ses trois cousins : Caius, Marcus et Lucius Cotta étaient sénateurs. Sa tante Julie avait épousé Caius Marius : un homo novus nommé consul en 107, qui remporta de grandes victoires en Afrique du Nord où il fut vainqueur du roi de Numidie, Jugurtha. Marius vainquit en 102 les Teutons, à Aix-en-Provence (Aquae sextiae) et les Cimbres en 101, dans la plaine de Verceil, entre le Pô et la Sesia. César était de taille moyenne, mince et frêle, avait des yeux noirs très vifs, une large bouche et un visage au teint pâle. Il eut comme précepteur Marius Antonius Gnipho, d’origine gauloise, qui était à son époque le plus réputé pour sa connaissance de la littérature grecque et romaine. Cicéron dit de sa culture et de sa prose qu’elles l’égalaient…
« Méfiez-vous de ce jeune homme mal ceinturé, il y a dans César plusieurs Marius. » Sylla

 cesar profilLorsqu’il vit la statue d’Alexandre le Grand, il s’écria : « À mon âge, celui-ci avait conquis le monde, et moi je n’ai encore rien fait de mémorable. » Suétone rapporta : « Il poussa un profond soupir et, comme écoeuré par sa propre inaction, à l’âge où Alexandre avait soumis le monde, il demanda tout de suite un congé pour trouver aussi vite que possible à Rome des occasions de se signaler. Il avait en effet rêvé qu’il violait sa mère. Sur quoi les devins lui avaient donné les plus grands espoirs et prétendu que cela signifiait la domination de l’univers entier. »

Il fit passer à Rome des sommes immenses pour corrompre les magistrats ou acheter les magistratures ; ce qui donna lieu à ces mots : « César a soumis les Gaulois avec le fer des Romains, et Rome avec l’or des Gaulois. » Il mourut assassiné au milieu du Sénat, aux ides de mars (le 15 mars 44), à la suite d’une conspiration à laquelle avait pris part son protégé Brutus. Cet événement eut lieu au pied de la statue de Pompée, six ans après la défaite de Vercingétorix à Alésia.

« Je n’ai qu’à frapper la terre du pied : il en sortira des légions ! »
(César).

« Je chercherai ma chance jusqu’au fond de l’eau. »
(César).

« Il était tourmenté du désir de faire ce qu’aucun de ses semblables n’avait fait avant lui »
(Dion Cassius).

« Malade ou bien portant, César marchait toujours devant ses troupes, le plus souvent à pied, la tête découverte, au soleil et au vent, comme sous la pluie ou la neige »
(Suétone).

« César a une éloquence brillante et qui ne sent pas le moins du monde le métier, une éloquence à laquelle sa voix, son geste, sa beauté physique aussi donnaient une sorte de magnificence et comme un air de grande race »
(Cicéron, Brutus, LXXV, 261).

« Il n’y a pas d’honneurs qu’il ne prît et n’accordât à son gré »
(Suétone, César, 76).

« César tua plus de 400000 ennemis et fit un plus grand nombre de prisonniers, soit dans des batailles rangées, soit dans des marches, soit dans des sorties. Il pénétra deux fois en Bretagne. Chacune de ses neuf campagnes méritait à elle seule un triomphe. Les grandes choses qu’il fit au siège d’Alésia sont de celles qu’un homme ose à peine entreprendre et qu’un dieu seul peut accomplir » (Caius Velleius Paterculus, sous le règne d’Auguste).
(Hist. rom., 47)

cesar face« Où donc et vers quel but, disaient-ils, cet homme veut-il nous mener, nous traînant partout à sa suite et se servant de nous comme d’outils inusables et sans âme ? Le fer même s’use sous les coups, les boucliers et les cuirasses ont à la longue besoin d’être ménagés. César ne s’aperçoit donc pas, à nos blessures, qu’il commande à des hommes mortels et que nous sommes nés pour endurer et souffrir des maux de mortels ? Dieu lui-même ne saurait forcer la saison des tempêtes et des vents. Mais lui, il s’y expose, comme si, au lieu de poursuivre ses ennemis, c’est lui qui fuyait »
(Plutarque, Vie de César).

« Il avait, dit-on, la taille haute, le teint blanc, les membres bien faits, le visage un peu plein, les yeux noirs et vifs, la santé robuste ; néanmoins, à la fin de sa vie, il était sujet à des évanouissements subits et aussi à des cauchemars épouvantables. Il eut aussi deux crises d’épilepsie dans l’exercice de ses fonctions.

« Il avait un soin si scrupuleux de son corps que non seulement il se faisait couper les cheveux et raser avec soin, mais même épiler, comme certains le lui ont reproché. Comme il supportait impatiemment la disgrâce de sa calvitie, qui l’avait plus d’une fois exposé aux plaisanteries de ses détracteurs, il avait pris l’habitude de ramener sur son front le peu de cheveux qu’il avait ; et de tous les honneurs que lui décernèrent le Sénat et le peuple, il n’en est pas qu’il ait accueilli et pratiqué plus volontiers que le droit de porter toujours une couronne de laurier. On dit aussi que sa mise était remarquable. « Il portait un laticlave frangé qui lui descendait sur les mains, sans oublier jamais de serrer sa toge par-dessus, et cette ceinture était d’ailleurs assez lâche. C’est ce qui donna lieu au mot de Sylla qui conseillait souvent aux grands “de se méfier d’un garçon serrant mal sa ceinture” »
(Suétone, Les Douze Césars, Vie de César).

« Il fut compté au nombre des dieux, tant par la déclaration de ceux qui lui décernèrent cet honneur que par la conviction du peuple. En effet, dans les jeux consacrés à sa mémoire que donnait son héritier Auguste, une comète brilla pendant sept jours de suite, se levant vers la onzième heure ; et l’on crut que c’était l’âme de César reçue dans le ciel ; c’est pour cela qu’il était représenté avec une étoile au sommet de la tête »
(Suétone, Les uze Césars, Vie de César, 88).

Épée de César. « Là (Alésia, chez les Séquanes), César, attaqué et cerné par plusieurs dizaines de milliers d’ennemis, entreprit de livrer une bataille décisive ; il défit les barbares en lançant toutes ses forces et resta vainqueur, mais, pour les réduire, il lui fallut beaucoup de temps et une mêlée meurtrière. Il semble même qu’au début de l’action il avait subi un échec, car les Arvernes montrent une épée courte suspendue dans un de leurs sanctuaires, en affirmant que c’est une dépouille prise sur César. Il la vit luimême par la suite et ne fit qu’en sourire ; comme ses amis l’engageaient à l’enlever, il refusa, disant que l’objet était consacré à la divinité »
(Plutarque, TITRE ?, XXVI, 8).

Prise de César. « Au cours d’un combat en Gaule, César, fut fait un instant prisonnier. Un Gaulois qui le reconnaissait cria “César, César” ; celui qui le retenait crut comprendre en gaulois “Lâche le” et le lâcha »
(Servius, Sur l’Énéide, XI, 743).

César revenait d’Afrique et voulut émerveiller le peuple de Rome, par un spectacle grandiose et des fêtes somptueuses. Il désirait montrer le butin qu’il avait amassé tout au long de ses conquêtes et exhiber les princes qu’il avait faits prisonniers : Vercingétorix, roi des Arvernes ; Juba, fils de Juba, roi de Numidie ; Arsinoé, rivale de Cléopâtre et d’autres princes et chefs de tribus. Il organisa un banquet de 22 000 tables avec les vins les plus rares, 6 000 murènes à manger. Il promit aux légionnaires 5 000 deniers, aux centurions 10 000 et en mémoire de sa fille Julie, un combat naval et un spectacle de gladiateurs. L’État paya les loyers d’une année, 2 000 sesterces dans Rome et 500 à l’extérieur. Du 20 septembre au 1er octobre 46 av. J.-C., Rome célébra les triomphes avec une magnificence jamais atteinte. Le jour du triomphe, César apparut sur son char, tiré par quatre chevaux blancs, suivi par le butin arraché aux sanctuaires, temples et palais : 65 000 talents et 2 822 couronnes d’or. De grands boucliers, portant les noms des victoires remportées en Gaule, ouvrirent le premier triomphe, puis Vercingétorix enchaîné apparut. La jeune princesse Arsinoé se trouvait dans le deuxième triomphe, celui du Pont où étaient inscrits ces mots Veni, Vidi, Vinci ; enfin la victoire sur Juba Ier, dont le fils, âgé de quatre ans, fut traîné dans le défilé. Pendant celui-ci, un essieu du char de César se brisa, il conjura le sort en gravissant à genoux les marches du Capitole. Vercingétorix fut ramené dans son cachot, étranglé, et son corps, après avoir été exposé à la population, fut jeté dans le Tibre.
« Le premier et le plus beau de ses triomphes fut celui des Gaules. Il monta au Capitole à la lueur des flambeaux que portaient dans des candélabres quarante éléphants »
(Suétone, Les Douze sars, Vie de César, 36).

« Ceux qui vont recevoir le triomphe, pour ce motif, gardent plus longtemps en vie les chefs ennemis, afin que leur présence dans le cortège offre au peuple le spectacle et le fruit le plus beau de la victoire. Ils les font conduire en prison, lorsque les chars tournent du Forum vers le Capitole, et le même jour voit finir le pouvoir des vainqueurs et l’existence des vaincus » (Ciceron). Mort de César. « Tandis qu’il immolait une victime, l’haruspice Spurinna l’avertit de prendre garde à un danger qui ne s’étendait pas au-delà des ides de mars. La veille de ces mêmes ides, des oiseaux de différentes espèces, sortis d’un bois voisin, poursuivirent un roitelet, qui se posa avec un rameau de laurier sur la curie de Pompée, et le mirent en pièces à cet endroit même. La nuit qui précéda le jour du meurtre, il lui sembla pendant son sommeil, tantôt qu’il volait au-dessus des nuages, tantôt qu’il serrait la main de Jupiter. Sa femme Calpurnie rêva que le faîte de la maison s’écroulait, et que son mari était percé de coups dans son giron ; et tout à coup les portes de sa chambre à coucher s’ouvrirent d’elles-mêmes. « Ces présages, joints au mauvais état de sa santé, le firent longtemps hésiter s’il ne demeurerait pas chez lui et ne différerait pas les mesures qu’il avait proposées au Sénat. Mais, comme Decimus Brutus l’exhortait à ne pas manquer de parole aux sénateurs qui étaient assemblés en nombre et l’attendaient depuis longtemps déjà, il sortit enfin vers cinq heures. Quelqu’un lui tendit à son passage un billet qui lui dénonçait le complot ; il le mêla aux autres papiers qu’il tenait à la main gauche, comme pour le lire bientôt. Puis, après avoir immolé plusieurs victimes sans obtenir de présages favorables, il entra dans la Curie au mépris de la religion, se moquant de Spurinna et le traitant de menteur puisque les ides de mars étaient arrivées sans aucun accident pour lui ; à quoi l’autre répondait “qu’elles étaient bien arrivées, mais non passées”. « Lorsqu’il fut assis, les conjurés, sous couleur de lui rendre leurs devoirs, l’entourèrent, et, sur-le-champ, Cimber Tullius, qui s’était chargé du premier rôle, s’approcha comme pour lui demander quelque chose. Sur le refus de César, qui d’un geste remettait l’affaire à un autre moment, il saisit sa toge aux deux épaules. “Mais, c’est de la violence”, s’écria César ; alors l’un des deux Cassius le blesse par derrière un peu au-dessous du cou. César prit le bras de Cassius et le perça de son poinçon ; il voulut, d’un bond, s’échapper : une autre blessure l’arrêta. Mais quand il vit de tous côtés des poignards levés sur lui, il s’enveloppa la tête de sa toge ; en même temps, de la main gauche, il en abaissa les plis jusqu’au bas de ses jambes… C’est alors qu’il fut transpercé de vingt-trois coups ; au premier seulement, il poussa un gémissement, sans prononcer une parole, bien que certains aient rapporté qu’il dît en grec à Marcus Brutus se ruant sur lui :“Toi aussi, mon fils !” Lorsqu’il fut mort, tout le monde s’enfuit et il resta un bon moment étendu ; enfin trois petits esclaves le mirent sur une litière, d’où pendait l’un de ses bras et le rapportèrent chez lui. Sur tant de blessures, de l’avis de son médecin Antistius, une seule était mortelle : c’est la seconde, qu’il avait reçue dans la poitrine »
(Suétone, Les Douze Césars, Vie de César, LXXXII-LIIIIII ).

« César arriva au Sénat. Tous les sénateurs se levèrent pour lui faire honneur. Des complices de Brutus, les uns se placèrent autour du siège de César ; les autres allèrent au-devant de lui pour joindre leurs prières à celles de Metellus Cimber, qui demandait le rappel de son frère, et ils le suivirent, en redoublant leurs instances, jusqu’à ce qu’il fût arrivé à sa place. Il s’assit en rejetant leurs prières et, comme ils le pressaient toujours plus vivement, il leur témoigna à chacun en particulier son mécontentement. Alors Metellus lui prit la robe de ses deux mains et lui découvrit le haut de l’épaule. C’était le signal dont les conjurés étaient convenus. Casca le frappa le premier de son épée, mais le coup ne fut pas mortel, le fer n’ayant pas pénétré bien avant. Il y a apparence que, chargé de commencer une si grande entreprise, il se sentit troublé. César, se tournant vers lui, saisit son épée, qu’il tint toujours dans sa main. Ils s’écrièrent tous deux en même temps, César en latin “Scélérat de Casca, que fais-tu ?” et Casca, s’adressant son frère, en grec : “Mon frère, au secours « Dans le premier moment, tous ceux qui n’étaient pas du secret furent saisis d’horreur et, frissonnant de tout leur corps, ils n’osèrent ni prendre la fuite, ni défendre César, ni proférer une seule parole. Cependant les conjurés, tirant chacun son épée, l’environnent de toutes parts. De quelque côté qu’il se tourne, il ne trouve que des épées qui le frappent aux yeux et au visage. Telle une bête féroce assaillie par les chasseurs, il se débattait entre toutes ces mains armées contre lui, car chacun voulait avoir part à ce meurtre et goûter pour ainsi dire à ce sang comme aux libations d’un sacrifice. Brutus lui-même lui porta un coup dans l’aine. Il s’était défendu, dit-on, contre les autres et traînait son corps de côté et d’autre en poussant de grands cris. Mais, quand il vit Brutus venir sur lui l’épée nue à la main, il se couvrit la tête de sa robe et s’abandonna au fer des conjurés. Soit hasard, soit dessein formé de leur part, il fut poussé jusqu’au piédestal de la statue de Pompée qui fut couverte de son sang. Il semblait que Pompée présidât à la vengeance qu’on tirait de son ennemi qui, abattu et palpitant, venait expirer à ses pieds du grand nombre de blessures qu’il avait reçues. Il fut percé, dit-on, de vingt-trois coups et plusieurs des conjurés se blessèrent eux-mêmes en frappant tous à la fois un seul homme » (Plutarque, César, LXVI). « Quand le jour de ses funérailles eut été annoncé, on lui dressa un bûcher dans le Champ-de-Mars, à côté du tombeau de Julie ; une chapelle dorée fut élevée en face des Rostres, sur le modèle du temple de Venus Genitrix : on y mit un lit d’ivoire, couvert de pourpre et d’or, et, au chevet, un trophée, avec la robe dans laquelle il avait été tué. Comme la journée ne paraissait pas devoir suffire à ceux qui apportaient des offrandes, on décida que, sans observer l’ordre accoutumé, chacun les porterait au Champ-de- Mars en suivant les rues de la Ville qu’il voudrait. « Pendant les jeux on chanta, pour exciter la pitié et l’indignation contre son assassinat, certains vers empruntés au Jugement des armes de Pacuvius : « “Les ai-je donc sauvés, pour qu’ils me fissent périr ?” et d’autres de l’Electre d’Attilius sur la même idée. Au lieu d’éloge funèbre, le consul Antoine fit lire par un héraut le sénatus-consulte qui avait décerné à César tous les honneurs divins et humains, ainsi que le serment par lequel tous s’étaient liés pour le salut d’un seul. Il n’y ajouta que fort peu de mots. Des magistrats en fonction ou sortis de charge portèrent son lit au Forum devant les Rostres. Les uns voulaient le brûler dans le sanctuaire de Jupiter Capitolin, les autres dans la curie de Pompée, quand soudain deux hommes, ayant le glaive au côté et portant chacun deux javelots, y mirent le feu avec des torches enflammées. Aussitôt la foule qui les entourait y entassa du bois sec, des tribunaux avec leurs bancs, et tout ce qu’ils avaient à leur portée. Puis des joueurs de flûte et des histrions ôtèrent les vêtements triomphaux dont ils s’étaient revêtus pour la cérémonie, les déchirèrent et les jetèrent dans la flamme ; des vétérans légionnaires y jetèrent les armes dont ils s’étaient parés pour les funérailles ; et même la plupart des matrones les ornements qu’elles portaient, ainsi que les bulles et les prétextes de leurs petits garçons »
(Suétone, Les Douze Césars, Vie de César, LXXXIV).