Témoignages sur Alésia
« Avec l’indépendance de la Gaule à jamais perdue, le siège d’Alésia eut pour conséquence de soumettre à une orientation radicalement transformée toute l’histoire de la civilisation française ».
Will Durant (historien britannique)
« La défaite d’Alésia est la plus grande catastrophe de notre histoire. C’est beaucoup plus qu’une défaite, c’est la mort d’une âme remplacée dans le même corps par une autre âme, ou, si c’est la même âme, c’est une âme vidée de tout souvenir, une âme dont la mémoire est abolie, au point que d’un long passé de souffrances, mais aussi de gloire, rien ne subsiste dans la conscience. D’autres lois, d’autres usages et, ce qui est pis que tout, une autre langue, vont la remplir. »
« Après s’être recueillis un court instant sur le tombeau de la Gaule indépendante, les historiens poursuivent bien vite leur course à travers les âges. Loin de déplorer l’abolition du passé celtique, ils s’en félicitent. La Gaule a gagné de passer de la barbarie à la civilisation. Quel immense avantage ! Avantage immédiat, oui, sans doute, mais payé très cher par une rupture de contact avec nos plus lointaines origines. La pire calamité qui puisse frapper un peuple n’est-elle pas la perte de mémoire ? »
« Une forme de culture a été étouffée avant d’éclore au soleil de la vie civilisée. »
« Ce n’est pas seulement la Gaule qui a perdu à être plus que conquise, à être métamorphosée, c’est l’Europe, c’est le monde »
(Ferdinand Lot, La Gaule).
« La défaite militaire de Vercingétorix avait arrêté la Gaule dans son développement original ; elle supprima son autonomie politique pour des siècles ; mais le rejeton romain conserva la sève gauloise. »
« Dans l’histoire ultérieure de notre patrie, l’idée gauloise continua de jouer un rôle capital, aussi important, peut-être plus, que l’élément romain. Elle a survécu obscurément dans le coeur du peuple et dans la pensée des chefs. Ce sont les Celtes qui, en faisant de notre pays la Gaule, y ont déposé le germe de ce sentiment national »
(Albert Grenier, Les Gaulois).
« Que n’ont-ils été vainqueurs des Romains ! Ils nous auraient donné la joie de remonter jusqu’à eux par une lignée ininterrompue au lieu de nous laisser, avec un sentiment de déception refoulée, le mirage d’une identité perdue et l’élan brisé d’une vie autrement aventureuse. Car ces héros admirables qui ont succombé à la guerre au dun d’Alésia, ainsi que nous l’apprend notre traumatisante Histoire de France, n’ont pas été, tels les Spartiates de Léonidas ou les assiégés de Maassada, les vainqueurs de leurs vainqueurs, comme les martyrs sont ceux de leurs bourreaux ; ils ont, dans leur désastre et dans leur sang, entraîné une rupture linguistique et culturelle : notre langue n’est pas la continuation de l’idiome ancestral, comme c’est le cas chez les Allemands, les Italiens, les Slaves* ou les Grecs*. Notre culture est empruntée, nos structures mentales ont été modifiées par l’adoption forcée d’une langue d’occupant. […] »
« Loin d’être dommageable, la rupture est qualifiante et créatrice. […] Au point qu’en s’effaçant, non sans une grande élégance, les Gaulois nous ont fait présent de la liberté. Ils se sont sacrifiés pour la fonder »
(Jean-Paul Savignac, Merde à César).
« Or, Alésia n’est ni une fin ni un commencement. C’est au contraire le point central de la longue histoire d’un peuple sans lequel la notion même d’Europe n’aurait pas vu le jour. Sans les Celtes, en effet, il n’y aurait, de l’embouchure de la Loire à celle du Danube, qu’une frontière brutale entre l’homme du Nord et l’homme du Sud, mais il n’y aurait pas d’Occident, dans tous les sens du terme. »
« L’histoire ne manque pas d’exemples de peuples vaincus qui, jamais, ne se sont relevés. Or non seulement les Celtes se sont relevés, mais ils édifièrent la nation la plus prospère du monde romain, et plus tard l’une des plus influentes de l’Europe moderne. Cela seul suffit à prouver que l’événement d’Alésia n’a pas changé le fond des Celtes, mais qu’il a seulement perturbé leurs modes d’expression et leurs structures sociales, au point, non de stopper leur activité, mais de détruire son harmonie pour les siècles des siècles. »
« Sous les murs d’Alésia, c’est une certaine conception de la vie qui a tout à coup sombré. »
« La défaite d’Alésia, c’est la défaite de l’individualiste devant le collectivisme, du régionaliste devant le centralisme, du panthéiste devant le monothéisme, de l’Occidental devant l’orientalisme, du villageois devant l’urbanisme, de l’artisan devant le robotisme, du créateur devant le technocrate, de la maison individuelle devant le grand ensemble … que sais-je encore ! Bref, c’est la défaite de l’homme libre devant toutes les formes de tyrannie : politique, économique, spirituelle. En un mot c’est la défaite de l’Esprit »
(Pierre Lance, La Défaite d’Alésia).